Aider son enfant à réussir à l’école
Avec la rentrée, de nombreux parents se trouvent confrontés à une même interrogation : comment préparer et aider leur enfant ou leur adolescent à réussir ?
Psychologue clinicien ayant longtemps exercé comme psychologue scolaire, Jean-Luc Aubert souligne dans son dernier livre (1) que les chemins de la réussite scolaire ne passent pas uniquement par l’école.
Comment aider son enfant à s’épanouir à l’école et à réussir ?
Jean-Luc Aubert : L’idée que je développe dans mon livre est que pour s’épanouir en classe et réussir l’enfant doit d’abord être bien avec lui-même et avec les autres. Il doit avoir mis en place un certain nombre d’atouts affectifs, culturels, éducatifs et cognitifs. L’école attend de manière implicite de l’enfant qu’il possède un certain bagage lui permettant d’être réceptif aux messages délivrés par l’enseignant. Ces conditions sont valables à tous les âges. À la maternelle, mais aussi au lycée, l’enfant doit être disponible psychiquement pour être réceptif. S’il est submergé par des angoisses conscientes ou inconscientes, il va devoir mobiliser beaucoup d’énergie pour lutter contre elles et sera moins disponible pour être attentif.
En dehors de cet aspect psychologique, vous évoquez également dans votre ouvrage l’importance des aspects éducatifs.
Sur le plan éducatif, l’école attend de l’enfant qu’il ait intégré certaines règles et que les repères de la maison soient proches de ceux de l’école. Il faut une adéquation entre ce qu’il vit à la maison et à l’école. Dans le cas contraire, il risque d’être en marge. Par ailleurs, à l’école, il a besoin d’un bagage culturel, notamment langagier. L’enfant qui entre à la maternelle par exemple, a besoin de posséder un champ lexical et syntaxique lui permettant notamment de bien comprendre les consignes. On sait que 15 à 20 % des enfants de maternelle ne possèdent pas ces atouts langagiers. Ce sont ces mêmes enfants qui échouent au cours de leur scolarité. S’il y a un indicateur majeur de la réussite scolaire, c’est bien le langage. D’où l’importance de parler, de communiquer avec son enfant, quelle que soit la langue maternelle. Or il existe des familles où l’on ne se parle pas.
Vous soulignez également l’importance du jeu.
Le jeu est nécessaire au développement de l’enfant car il permet de développer des interactions avec son environnement et de développer des stratégies. Ces outils lui seront utiles à l’école pour mettre en place des apprentissages. Mais il faut préciser que tous ces atouts que j’évoque ne sont pas seulement utiles pour sa scolarité. Ils sont également nécessaires à son bien-être personnel et relationnel.
Qu’est-ce qui donne aux enfants et adolescents l’envie d’apprendre ?
L’enfant naît avec un potentiel génétique et des pulsions, dont la pulsion « épistémophilique », qui correspond au désir de savoir. Le bébé puis l’enfant sont poussés naturellement à l’exploration, il développe ses processus cognitifs. Il est important qu’il soit bien accompagné par son parent dans sa soif de découverte. À l’adolescence, cette pulsion entre en conflit avec d’autres, notamment sexuelles. Mais les rencontres qu’il fait, notamment avec un adulte de référence qui sait faire partager ses passions, ainsi qu’une certaine dynamique familiale, peuvent aussi lui donner le plaisir de savoir. Je vois des enfants démotivés à l’école qui souvent ne savent pas ce que font leurs parents. La passivité, le manque de communication n’encouragent pas l’intérêt pour l’école. En revanche, l’intérêt porté par ses parents au quotidien de l’enfant sera aussi transféré à l’école.
(1) Les chemins de la réussite, du berceau à l’école , Jean-Luc Aubert, Éditions Idéo, 202 p. 15,90 €
RECUEILLI PAR MARIE AUFFRET-PERICONE