Mort de Lucien Neuwirth, père de la pilule et gaulliste historique
Lucien Neuwirth, père de la pilule contraceptive et gaulliste historique, est mort dans la nuit de lundi à mardi à 89 ans, a annoncé le site internet du Figaro, journal où travaille son épouse.
Il est mort peu après minuit des suites d'une infection pulmonaire, à l'hôpital Rossini-Sainte-Périne à Paris, a précisé à l'AFP cette dernière, Sophie Huet, également présidente de l'Association des journalistes parlementaires.
Gaulliste historique, grand résistant, longtemps élu de droite, Lucien Neuwirth, était surnommé "le père de la pilule" pour avoir fait voter en 1967 une loi autorisant les contraceptifs, une première en France.
Né le 18 mai 1924 à Saint-Etienne et mort à Paris où il était hospitalisé, celui qui fut député puis sénateur de la Loire avait réussi, dans la France très conservatrice d'avant 1968, à faire adopter, contre la majorité de son camp, la loi qui porte son nom.
Un texte qui valut à cet élu UNR (ancêtre du RPR) d'être qualifié de "malfaiteur public" sur les bancs du Sénat. Au Parlement, "j'ai tout entendu", racontera plus tard le député de la Loire qui avait pourtant obtenu l'aval du général de Gaulle pour présenter son texte même si le chef de l'Etat, très nataliste, n'y était pas, au départ, favorable. Pas plus que de nombreuses personnalités, à commencer par Yvonne de Gaulle, la propre épouse du président, les associations catholiques ou l'ordre des médecins.
La loi sera finalement promulguée le 28 décembre 67, mais il faudra attendre deux ans pour que les premiers décrets d'application soient publiés.
Pourquoi ce combat contre son camp ? "J'ai été élevé par deux femmes exceptionnelles, raconte-t-il dans une interview enregistrée en 1981 où il apparaît, rond, direct, affable, en compagnie de sa fille et de sa petite-fille. (....) Pour moi, hommes et femmes c'est pareil", ajoute-t-il en soulignant que nombre de ses compagnes de la Résistance ont été agents de liaison ou parachutistes, comme lui, et que plusieurs d'entre elles sont tombées sous les coups de l'ennemi.
A Londres déjà, où il était arrivé à 17 ans, "l'âge des premiers émois", dit-il, il avait découvert un contraceptif féminin, le "gynomine", et en pourvoyait généreusement ses amis, gagnant ainsi son surnom de "Lulu la pilule"...
Planning familial
Adhérent au RPF à la Libération, il devient conseiller municipal de sa ville natale (1947-1965), puis adjoint au maire (1953-1965). C'est là, qu'en 1957, il fait la connaissance du mouvement Maternité heureuse, qui deviendra bientôt le Mouvement français pour le planning familial. S'occupant des affaires sociales de la mairie, il dit se souvenir du jour où une femme lui confia: "Moi, j'en ai assez, chaque fois que mon mari rentre saoul, il me fait un gosse !"
Lors du putsch d'Alger (13 mai 1958), il est porte-parole du Comité de salut public et directeur de Radio Alger. Il est ensuite élu député (UNR, UDR puis RPR) de 1958 à 1981 de la deuxième circonscription de la Loire.
Secrétaire général du groupe UNR (1958-1962), puis questeur de l'Assemblée nationale (1962-1975), il devient secrétaire général-adjoint de l'Union des démocrates pour la République (décembre 1974).
Victime de la "vague rose", dans la foulée de l'élection de François Mitterrand en 1981, il est élu sénateur RPR de 1983 à 2001, date à laquelle il abandonne tout mandat local.
C'était un grand ami de la belle famille de mon frère de cœur de St Etienne