Vous y avait droit comme chaque année
La lettre au Père Noël et en marseillais selon Médéric Gasquet-Cyrus, docteur en sociolinguistique de l’Université d’Aix-en - Provence
Adieu, Papa Noël,
Adieu, Papa Noël, qué mé dis ? Bien ou bien ? Pasque ma foi, ici, c’est un peu le oaï. Bien sûr y’a pire ailleurs, y’a un moulon de pays où le sang coule à flots, où les gens sont dans une misère inimaginable, peuchère. Mais bon, entre l’OM, les travaux du tramway, les bouchons monstres où dégun ne peut plus bouger dans les rues de Marseille, les emboucanades politiques et les rues couvertes de bordilles, Marseille, c’est pas vraiment le pays merveilleux des lutins.
Non, je vais pas rouméguer, je vais pas marronner auprès de toi, pasqu’en plus j’imagine que tu dois être en train de t’escagasser à préparer tout ce qu’il faut, à gansailler ces mouligas de lutins pour qu’ils se bougent le tafanàri, et même à préparer ton costume, parce que tu vas descendre habillé comme un chapacan ; je sais que tous les 24 décembre tu donnes un coup de pied dans l’armoire à glace et tu t’habilles trop méchamment.
Bon, alors je vais pas te mettre la tête grosse comme une coucourde, ni faire la viole avec toutes mes paroles, mais il faut quand même que je t’explique. J’ai pas été très sage. Pas méchant, non.
Mais j’ai fait des cagades, je me suis manqué en pagaille, je me suis souvent engatsé pour rien, j’ai été parfois une vraie feignasse, j’ai remis au lendemain des trucs que je pouvais faire d’entrée, je me suis mis dans des engàmbis pas possibles, je me suis parfois encagné alors que dégun ne voulait m’emboucaner, j’ai cassé les amandons à des gens qui me voulaient du bien, et en plus, au lieu de rester modeste, j’ai eu tendance à faire le càcou et à vouloir toujours avoir raison. Bref, j’ai fait le pagalènti toute l’année.
Du coup, je vais pas marquer-mal en te demandant plein de cadeaux, mais juste une chose, Papa Noël. Depuis que je suis minot, je sais que tu mets de la magie de longue dans le coeur des gens. Alors cette année encore, même si sur Terre tout part en biberine et si moi, de mon côté, je me comporte comme un vrai tchapacan, fais-moi encore un petit cadeau : mets un peu de magie sur nos jours et dans nos coeurs, surtout pour les pitchouns, tu serais brave.
Allez vaï, mets bien ton capèou que tu risquerais de prendre froid, et ça me ferait peine.
Merci, Papa Noël. Aïoli sur toi.