» Citations Jeu 06 Déc 2018, 18:20 par Matriarche3
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Sujet: Les poèmes à partager Sam 30 Oct 2010, 15:34
L'aube est moins claire... L'aube est moins claire, l'air moins chaud, le ciel moins pur ; Le soir brumeux ternit les astres de l'azur. Les longs jours sont passés ; les mois charmants finissent. Hélas ! voici déjà les arbres qui jaunissent ! Comme le temps s'en va d'un pas précipité ! Il semble que nos yeux, qu'éblouissait l'été, Ont à peine eu le temps de voir les feuilles vertes.
Pour qui vit comme moi les fenêtres ouvertes, L'automne est triste avec sa bise et son brouillard, Et l'été qui s'enfuit est un ami qui part. Adieu, dit cette voix qui dans notre âme pleure, Adieu, ciel bleu ! beau ciel qu'un souffle tiède effleure ! Voluptés du grand air, bruit d'ailes dans les bois, Promenades, ravins pleins de lointaines voix, Fleurs, bonheur innocent des âmes apaisées, Adieu, rayonnements ! aubes ! chansons ! rosées !
Puis tout bas on ajoute : ô jours bénis et doux ! Hélas ! vous reviendrez ! me retrouverez-vous ? V; Hugo
douce teigneuse Admin
Messages : 19842 Date d'inscription : 28/10/2010
Sujet: Re: Les poèmes à partager Dim 07 Nov 2010, 23:12
Pour Toi Mon Amour Je suis allé au marché aux oiseaux Et j'ai acheté des oiseaux Pour toi mon amour Je suis allé au marché aux fleurs Et j'ai acheté des fleurs Pour toi mon amour Je suis allé au marché à la ferraille Et j'ai acheté des chaînes De lourdes chaînes Pour toi mon amour Et puis je suis allé au marché aux esclaves Et je t'ai cherchée Mais je ne t'ai pas trouvée mon amour.
Jacques Prévert
okapysan7
Messages : 47 Date d'inscription : 30/10/2010 Age : 47 Localisation : aude
Sujet: Re: Les poèmes à partager Lun 22 Nov 2010, 14:51
je t'avouerai qu'en dehors de l'école, je n'ai jamais revu ces poèmes. ou même ces auteurs. c'est un tort je sais. Je devrais peut être m'y remettre...
douce teigneuse Admin
Messages : 19842 Date d'inscription : 28/10/2010
Sujet: Re: Les poèmes à partager Lun 22 Nov 2010, 15:01
L'école a fait son travail !!!!! Beaucoup d'élèves ne connaîtraient pas la poésie , l'art etc... si les enseignants ne les y avaient pas initiés !!!!!
jourapresjour
Messages : 9265 Date d'inscription : 29/10/2010 Age : 70 Localisation : nord
Sujet: Re: Les poèmes à partager Lun 22 Nov 2010, 18:02
C'était formidable, j'aimais les poèmes, j'aimais même les apprendre. J'en écrivais même ! Ca reste un merveilleux souvenir. J'en lis encore. Ca fait toujours chaud au cœur.
douce teigneuse Admin
Messages : 19842 Date d'inscription : 28/10/2010
Sujet: Re: Les poèmes à partager Mar 23 Nov 2010, 16:15
Le cancre
Il dit non avec la tête Mais il dit oui avec le coeur Il dit oui à ce qu'il aime Il dit non au professeur Il est debout On le questionne Et tous les problèmes sont posés Soudain le fou rire le prend Et il efface tout Les chiffres et les mots Les dates et les noms Les phrases et les pièges Et malgré les menaces du maître Sous les huées des enfants prodiges Avec des craies de toutes les couleurs Sur le tableau noir du malheur Il dessine le visage du bonheur.
Jacques Prévert
douce teigneuse Admin
Messages : 19842 Date d'inscription : 28/10/2010
Sujet: Re: Les poèmes à partager Mer 01 Déc 2010, 17:43
Le ciel est par dessus le toit
1. Le ciel est par-dessus le toit, Si bleu, si calme ! Un arbre, par-dessus le toit, Berce sa palme,
2. La cloche dans le ciel qu'on voit Doucement tinte Un oiseau sur l'arbre qu'on voit Chante sa plainte.
3. Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là - Simple et tranquille. Cette paisible rumeur-là Dis, Vient de la ville.
4. Qu'as tu fais, ô toi que voilà Pleurant sans cesse, Qu'as-tu fait, toi que voilà De ta jeunesse ?
(Paul Verlaine - Sagesse, vers écrits en prison)
douce teigneuse Admin
Messages : 19842 Date d'inscription : 28/10/2010
Sujet: Re: Les poèmes à partager Jeu 02 Déc 2010, 16:13
Nous dormirons ensemble
Nous dormirons ensemble Que ce soit dimanche ou lundi Soir ou matin minuit midi Dans l'enfer ou le paradis Les amours aux amours ressemblent C'était hier que je t'ai dit Nous dormirons ensembles C'était hier et c'est demain Je n'ai plus que toi de chemin J'ai mis mon cœur entre tes mains Avec le tien comme il va l'amble Tout ce qu'il a de temps humain Nous dormirons ensemble Mon amour ce qui fut sera Le ciel est sur nous comme un drap J'ai refermé sur toi mes bras Et tant je t'aime que j'en tremble Aussi longtemps que tu voudras Nous dormirons ensemble
Louis Aragon
douce teigneuse Admin
Messages : 19842 Date d'inscription : 28/10/2010
Sujet: Re: Les poèmes à partager Dim 05 Déc 2010, 18:09
La sagesse
Ô vous, qui passez comme l'ombre Par ce triste vallon des pleurs, Passagers sur ce globe sombre, Hommes! mes frères en douleurs, Ecoutez : voici vers Solime Un son de la harpe sublime Qui charmait l'écho du Thabor : Sion en frémit sous sa cendre, Et le vieux palmier croit entendre La voix du vieillard de Ségor!
Insensé le mortel qui pense! Toute pensée est une erreur. Vivez, et mourez en silence; Car la parole est au Seigneur! Il sait pourquoi flottent les mondes; Il sait pourquoi coulent les ondes, Pourquoi les cieux pendent sur nous, Pourquoi le jour brille et s'efface, Pourquoi l'homme soupire et passe : Et vous, mortels, que savez-vous?
Asseyez-vous près des fontaines, Tandis qu'agitant les rameaux, Du midi les tièdes haleines Font flotter l'ombre sur les eaux : Au doux murmure de leurs ondes Exprimez vos grappes fécondes Où rougit l'heureuse liqueur; Et de main en main sous vos treilles Passez-vous ces coupes vermeilles Pleines de l'ivresse du coeur.
Ainsi qu'on choisit une rose Dans les guirlandes de Sârons, Choisissez une vierge éclose Parmi les lis de vos vallons! Enivrez-vous de son haleine; Ecartez ses tresses d'ébène, Goûtez les fruits de sa beauté. Vivez, aimez, c'est la sagesse : Hors le plaisir et la tendresse, Tout est mensonge et vanité!
Comme un lis penché par la pluie Courbe ses rameaux éplorés, Si la main du Seigneur vous plie, Baissez votre tête, et pleurez. Une larme à ses pieds versée Luit plus que la perle enchâssée Dans son tabernacle immortel ; Et le coeur blessé qui soupire Rend un son plus doux que la lyre Sous les colonnes de l'autel!
Les astres roulent en silence Sans savoir les routes des cieux; Le Jourdain vers l'abîme immense Poursuit son cours mystérieux; L'aquilon, d'une aile rapide, Sans savoir où l'instinct le guide, S'élance et court sur vos sillons; Les feuilles que l'hiver entasse, Sans savoir où le vent les chasse, Volent en pâles tourbillons!
Et vous, pourquoi d'un soin stérile Empoisonner vos jours bornés? Le jour présent vaut mieux que mille Des siècles qui ne sont pas nés. Passez, passez, ombres légères, Allez où sont allés vos pères, Dormir auprès de vos aïeux. De ce lit où la mort sommeille, On dit qu'un jour elle s'éveille Comme l'aurore dans les cieux!
Alphonse de LAMARTINE (1790-1869)
roro
Messages : 4758 Date d'inscription : 29/10/2010 Age : 69 Localisation : forez
Sujet: Re: Les poèmes à partager Dim 05 Déc 2010, 21:06
Saxo
Messages : 9148 Date d'inscription : 29/10/2010 Age : 74 Localisation : Provence
Sujet: Re: Les poèmes à partager Lun 06 Déc 2010, 07:41
SI TU FLANCHES (texte scout)
Si le fardeau est trop lourd, pensent aux autres, derrière toi !
Si tu ralentis, ils s'arrêtent Si tu t'arrêtes, ils se couchent, Si tu faiblis, ils flanchent Si tu doutes, ils désespèrent, Si tu hésites, ils reculent Si tu critiques, ils démolissent ... Si tu marches, ils courent, Si tu cours, ils te dépasseront Si tu pries... alors ils seront des saints.
douce teigneuse Admin
Messages : 19842 Date d'inscription : 28/10/2010
Sujet: Re: Les poèmes à partager Mer 08 Déc 2010, 13:56
Conseils à une parisienne
Oui, si j'étais femme, aimable et jolie, Je voudrais, Julie, Faire comme vous ; Sans peur ni pitié, sans choix ni mystère, A toute la terre Faire les yeux doux.
Je voudrais n'avoir de soucis au monde Que ma taille ronde, Mes chiffons chéris, Et de pied en cap être la poupée La mieux équipée De Rome à Paris.
Je voudrais garder pour toute science Cette insouciance Qui vous va si bien ; Joindre, comme vous, à l'étourderie Cette rêverie Qui ne pense à rien.
Je voudrais pour moi qu'il fût toujours fête, Et tourner la tête, Aux plus orgueilleux ; Être en même temps de glace et de flamme, La haine dans l'âme, L'amour dans les yeux.
Je détesterais, avant toute chose, Ces vieux teints de rose Qui font peur à voir. Je rayonnerais, sous ma tresse brune, Comme un clair de lune En capuchon noir.
Car c'est si charmant et c'est si commode, Ce masque à la mode, Cet air de langueur ! Ah ! que la pâleur est d'un bel usage ! Jamais le visage N'est trop loin du coeur.
Je voudrais encore avoir vos caprices, Vos soupirs novices, Vos regards savants. Je voudrais enfin, tant mon coeur vous aime, Être en tout vous-même... Pour deux ou trois ans.
Il est un seul point, je vous le confesse, Où votre sagesse Me semble en défaut. Vous n'osez pas être assez inhumaine. Votre orgueil vous gêne ; Pourtant il en faut.
Je ne voudrais pas, à la contredanse, Sans quelque prudence Livrer mon bras nu ; Puis, au cotillon, laisser ma main blanche Traîner sur la manche Du premier venu.
Si mon fin corset, si souple et si juste, D'un bras trop robuste Se sentait serré, J'aurais, je l'avoue, une peur mortelle Qu'un bout de dentelle N'en fût déchiré.
Chacun, en valsant, vient sur votre épaule Réciter son rôle D'amoureux transi ; Ma beauté, du moins, sinon ma pensée, Serait offensée D'être aimée ainsi.
Je ne voudrais pas, si j'étais Julie, N'être que jolie Avec ma beauté. Jusqu'au bout des doigts je serais duchesse. Comme ma richesse, J'aurais ma fierté.
Voyez-vous, ma chère, au siècle où nous sommes, La plupart des hommes Sont très inconstants. Sur deux amoureux pleins d'un zèle extrême, La moitié vous aime Pour passer le temps.
Quand on est coquette, il faut être sage. L'oiseau de passage Qui vole à plein coeur Ne dort pas en l'air comme une hirondelle, Et peut, d'un coup d'aile, Briser une fleur.
Alfred de MUSSET (1810-1857)
douce teigneuse Admin
Messages : 19842 Date d'inscription : 28/10/2010
Sujet: Le petit prince et le renard Dim 19 Déc 2010, 23:22
Si tu veux jouer avec moi il va falloir m'apprivoiser Et créer des liens pas à pas Pour commencer à s'attacher Sinon tu n'es encore pour moi Qu'un petit garçon comme les autres Pour toi qui ne me connais pas Je ne suis qu'un renard parmi d'autres
Apprivoise-moi je t'en prie Si tu as besoin d'un ami Et jusqu'à ma dernière seconde Tu resteras unique au monde
Mais si tu sais m'apprivoiser Ma vie sera ensoleillée Je connaîtrai ton bruit de pas Qui m'appellera hors du terrier Et la blondeur des champs de blé Me fera souvenir de toi Enfin j'aimerai le bruit du vent Qui viendra souffler dans ces champs
Apprivoise-moi je t'en prie Si tu as besoin d'un ami Et jusqu'à ma dernière seconde Tu resteras unique au monde
On ne peut connaître vraiment Que les choses que l'on apprivoise Mais les hommes n'ont plus de temps De s'attarder quand ils se croisent Ils achètent des choses toutes faites Mais il n'y a pas de marchands d'amis Qui vendent de l'amitié toute prête Alors les hommes n'ont plus d'amis
Apprivoise-moi je t'en prie Si tu as besoin d'un ami Et jusqu'à ma dernière seconde Tu resteras unique au monde
Il nous faudra des rendez-vous Pour pouvoir s'habiller le coeur Et tous ces moments entre nous M'apprendront le prix du bonheur
Antoine de ST Exupéry(Le petit Prince)
douce teigneuse Admin
Messages : 19842 Date d'inscription : 28/10/2010
Sujet: Vous l'avez sans doute apprise en classe !!! Lun 20 Déc 2010, 15:40
Chanson pour les enfants l'hiver Jacques Prévert
Dans la nuit de l'hiver Galope un grand homme blanc C'est un bonhomme de neige Avec une pipe en bois, Un grand bonhomme de neige Poursuivi par le froid. Il arrive au village. Voyant de la lumière Le voilà rassuré. Dans une petite maison Il entre sans frapper ; Et pour se réchauffer, S'assoit sur le poêle rouge, Et d'un coup disparaît. Ne laissant que sa pipe Au milieu d'une flaque d'eau, Ne laissant que sa pipe, Et puis son vieux chapeau.
douce teigneuse Admin
Messages : 19842 Date d'inscription : 28/10/2010
Sujet: poème de Noël Mar 21 Déc 2010, 17:36
Cloches, carillonnez gaîment !
Le ciel est noir, la terre est blanche ; - Cloches, carillonnez gaîment ! - Jésus est né ; - la Vierge penche Sur lui son visage charmant.
Pas de courtines festonnées Pour préserver l'enfant du froid ; Rien que les toiles d'araignées Qui pendent des poutres du toit.
Il tremble sur la paille fraîche, Ce cher petit enfant Jésus, Et pour l'échauffer dans sa crèche L'âne et le boeuf soufflent dessus.
La neige au chaume coud ses franges, Mais sur le toit s'ouvre le ciel Et, tout en blanc, le choeur des anges Chante aux bergers : " Noël ! Noël ! "
Théophile Gauthier (30 août 1811 - 23 octobre 1872)
douce teigneuse Admin
Messages : 19842 Date d'inscription : 28/10/2010
Sujet: De Baudelaire Lun 27 Déc 2010, 17:35
Ciel brouillé
On dirait ton regard d'une vapeur couvert ; Ton oeil mystérieux (est-il bleu, gris ou vert ?) Alternativement tendre, rêveur, cruel, Réfléchit l'indolence et la pâleur du ciel.
Tu rappelles ces jours blancs, tièdes et voilés, Qui font se fondre en pleurs les coeurs ensorcelés, Quand, agités d'un mal inconnu qui les tord, Les nerfs trop éveillés raillent l'esprit qui dort.
Tu ressembles parfois à ces beaux horizons Qu'allument les soleils des brumeuses saisons... Comme tu resplendis, paysage mouillé Qu'enflamment les rayons tombant d'un ciel brouillé !
Ô femme dangereuse, ô séduisants climats ! Adorerai-je aussi ta neige et vos frimas, Et saurai-je tirer de l'implacable hiver Des plaisirs plus aigus que la glace et le fer ?
Charles BAUDELAIRE (1821-1867)
douce teigneuse Admin
Messages : 19842 Date d'inscription : 28/10/2010
Sujet: De Musset Mar 28 Déc 2010, 22:57
A Laure
Si tu ne m’aimais pas, dis-moi, fille insensée, Que balbutiais-tu dans ces fatales nuits ? Exerçais-tu ta langue à railler ta pensée ? Que voulaient donc ces pleurs, cette gorge oppressée, Ces sanglots et ces cris ?
Ah ! si le plaisir seul t’arrachait ces tendresses, Si ce n’était que lui qu’en ce triste moment Sur mes lèvres en feu tu couvrais de caresses Comme un unique amant ;
Si l’esprit et les sens, les baisers et les larmes, Se tiennent par la main de ta bouche à ton coeur, Et s’il te faut ainsi, pour y trouver des charmes, Sur l’autel du plaisir profaner le bonheur :
Ah ! Laurette ! ah ! Laurette, idole de ma vie, Si le sombre démon de tes nuits d’insomnie Sans ce masque de feu ne saurait faire un pas, Pourquoi l’évoquais-tu, si tu ne m’aimais pas ?
Alfred de Musset
Saxo
Messages : 9148 Date d'inscription : 29/10/2010 Age : 74 Localisation : Provence
Sujet: Re: Les poèmes à partager Jeu 30 Déc 2010, 08:12
Les vieux de Jacques Brel
Les vieux ne parlent plus ou alors seulement parfois du bout des yeux Même riches ils sont pauvres, ils n'ont plus d'illusions et n'ont qu'un cœur pour deux Chez eux ça sent le thym, le propre, la lavande et le verbe d'antan Que l'on vive à Paris on vit tous en province quand on vit trop longtemps Est-ce d'avoir trop ri que leur voix se lézarde quand ils parlent d'hier Et d'avoir trop pleuré que des larmes encore leur perlent aux paupières ? Et s'ils tremblent un peu est-ce de voir vieillir la pendule d'argent Qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non, qui dit : je vous attends ?
Les vieux ne rêvent plus, leurs livres s'ensommeillent, leurs pianos sont fermés Le petit chat est mort, le muscat du dimanche ne les fait plus chanter Les vieux ne bougent plus, leurs gestes ont trop de rides, leur monde est trop petit Du lit à la fenêtre, puis du lit au fauteuil et puis du lit au lit Et s'ils sortent encore bras dessus, bras dessous, tout habillés de raide C'est pour suivre au soleil l'enterrement d'un plus vieux, l'enterrement d'une plus laide Et le temps d'un sanglot, oublier toute une heure la pendule d'argent Qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non, et puis qui les attend
Les vieux ne meurent pas, ils s'endorment un jour et dorment trop longtemps Ils se tiennent la main, ils ont peur de se perdre et se perdent pourtant Et l'autre reste là, le meilleur ou le pire, le doux ou le sévère Cela n'importe pas, celui des deux qui reste se retrouve en enfer Vous le verrez peut-être, vous la verrez parfois en pluie et en chagrin Traverser le présent en s'excusant déjà de n'être pas plus loin Et fuir devant vous une dernière fois la pendule d'argent Qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non, qui leur dit : je t'attends Qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non et puis qui nous attend.
douce teigneuse Admin
Messages : 19842 Date d'inscription : 28/10/2010
Sujet: Re: Les poèmes à partager Jeu 30 Déc 2010, 10:35
J'aime.........................et si vrai!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Et "ce poème là"??????
douce teigneuse Admin
Messages : 19842 Date d'inscription : 28/10/2010
Sujet: Rimbaud Sam 01 Jan 2011, 18:33
Ma bohème
Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ; Mon paletot aussi devenait idéal ; J'allais sous le ciel, Muse ! et j'étais ton féal ; Oh ! là ! là ! que d'amours splendides j'ai rêvées !
Mon unique culotte avait un large trou. - Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse. - Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou
Et je les écoutais, assis au bord des routes, Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;
Où, rimant au milieu des ombres fantastiques, Comme des lyres, je tirais les élastiques De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur ! Arthur RIMBAUD (1854-1891)
douce teigneuse Admin
Messages : 19842 Date d'inscription : 28/10/2010
Sujet: Barbara de J.Prévert Mar 11 Jan 2011, 15:17
Barbara
Rappelle-toi Barbara Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là Et tu marchais souriante É panouie ravie ruisselante Sous la pluie Rappelle-toi Barbara Il pleuvait sans cesse sur Brest Et je t'ai croisée rue de Siam Tu souriais Et moi je souriais de même Rappelle-toi Barbara Toi que je ne connaissais pas Toi qui ne me connaissais pas Rappelle-toi Rappelle-toi quand même ce jour-là N'oublie pas Un homme sous un porche s'abritait Et il a crié ton nom Barbara Et tu as couru vers lui sous la pluie Ruisselante ravie épanouie Et tu t'es jetée dans ses bras Rappelle-toi cela Barbara Et ne m'en veux pas si je te tutoie Je dis tu à tous ceux que j'aime Même si je ne les ai vus qu'une seule fois Je dis tu à tous ceux qui s'aiment Même si je ne les connais pas Rappelle-toi Barbara N'oublie pas Cette pluie sage et heureuse Sur ton visage heureux Sur cette ville heureuse Cette pluie sur la mer Sur l'arsenal Sur le bateau d'Ouessant Oh Barbara Quelle connerie la guerre Qu'es-tu devenue maintenant Sous cette pluie de fer De feu d'acier de sang Et celui qui te serrait dans ses bras Amoureusement Est-il mort disparu ou bien encore vivant Oh Barbara Il pleut sans cesse sur Brest Comme il pleuvait avant Mais ce n'est plus pareil et tout est abimé C'est une pluie de deuil terrible et désolée Ce n'est même plus l'orage De fer d'acier de sang Tout simplement des nuages Qui crèvent comme des chiens Des chiens qui disparaissent Au fil de l'eau sur Brest Et vont pourrir au loin Au loin très loin de Brest Dont il ne reste rien.
Jacques Prévert, Paroles
douce teigneuse Admin
Messages : 19842 Date d'inscription : 28/10/2010
Sujet: Prévert Mer 12 Jan 2011, 14:11
(Extrait de poésie "Paroles", Jacques Prévert
Pour faire le portrait d'un oiseau
Peindre d'abord une cage avec une porte ouverte peindre ensuite quelque chose de joli quelque chose de simple quelque chose de beau quelque chose d'utile pour l'oiseau placer ensuite la toile contre un arbre dans un jardin dans un bois ou dans une forêt se cacher derrière l'arbre sans rien dire sans bouger ... Parfois l'oiseau arrive vite mais il peut aussi bien mettre de longues années avant de se décider Ne pas se décourager attendre attendre s'il le faut pendant des années la vitesse ou la lenteur de l'arrivée de l'oiseau n'ayant aucun rapport avec la réussite du tableau Quand l'oiseau arrive s'il arrive observer le plus profond silence attendre que l'oiseau entre dans la cage et quand il est entré fermer doucement la porte avec le pinceau puis effacer un à un tous les barreaux en ayant soin de ne toucher aucune des plumes de l'oiseau Faire ensuite le portrait de l'arbre en choisissant la plus belle de ses branches pour l'oiseau peindre aussi le vert feuillage et la fraîcheur du vent la poussière du soleil et le bruit des bêtes de l'herbe dans la chaleur de l'été et puis attendre que l'oiseau se décide à chanter Si l'oiseau ne chante pas c'est mauvais signe signe que le tableau est mauvais mais s'il chante c'est bon signe signe que vous pouvez signer Alors vous arrachez tout doucement une des plumes de l'oiseau et vous écrivez votre nom dans un coin du tableau.
douce teigneuse Admin
Messages : 19842 Date d'inscription : 28/10/2010
Sujet: Alphonse de LAMARTINE Jeu 13 Jan 2011, 15:02
Aux chrétiens dans les temps d'épreuves
Pourquoi vous troublez-vous, enfants de l'Evangile ? À quoi sert dans les cieux ton tonnerre inutile, Disent-ils au Seigneur, quand ton Christ insulté, Comme au jour où sa mort fit trembler les collines, Un roseau dans les mains et le front ceint d'épines, Au siècle est présenté ?
Ainsi qu'un astre éteint sur un horizon vide, La foi, de nos aïeux la lumière et le guide, De ce monde attiédi retire ses rayons ; L'obscurité, le doute, ont brisé sa boussole, Et laissent diverger, au vent de la parole, L'encens des nations.
Et tu dors ? et les mains qui portent ta justice, Les chefs des nations, les rois du sacrifice, N'ont pas saisi le glaive et purgé le saint lieu ? Levons-nous, et lançons le dernier anathème ; Prenons les droits du ciel, et chargeons-nous nous-même Des justices de Dieu.
Arrêtez, insensés, et rentrez dans votre âme ; Ce zèle dévorant dont mon nom vous enflamme Vient-il, dit le Seigneur, ou de vous ou de moi ? Répondez ; est-ce moi que la vengeance honore ? Ou n'est-ce pas plutôt l'homme que l'homme abhorre Sous cette ombre de foi ?
Et qui vous a chargés du soin de sa vengeance ? A-t-il besoin de vous pour prendre sa défense ? La foudre, l'ouragan, la mort, sont-ils à nous ? Ne peut-il dans sa main prendre et juger la terre, Ou sous son pied jaloux la briser comme un verre Avec l'impie et vous ?
Quoi, nous a-t-il promis un éternel empire, Nous disciples d'un Dieu qui sur la croix expire, Nous à qui notre Christ n'a légué que son nom, Son nom et le mépris, son nom et les injures, L'indigence et l'exil, la mort et les tortures, Et surtout le pardon ?
Serions-nous donc pareils au peuple déicide, Qui, dans l'aveuglement de son orgueil stupide, Du sang de son Sauveur teignit Jérusalem ? Prit l'empire du ciel pour l'empire du monde, Et dit en blasphémant : Que ton sang nous inonde, O roi de Bethléem !
Ah! nous n'avons que trop affecté cet empire ! Depuis qu'humbles proscrits échappés du martyre Nous avons des pouvoirs confondu tous les droits, Entouré de faisceaux les chefs de la prière, Mis la main sur l'épée et jeté la poussière Sur la tête des rois.
Ah! nous n'avons que trop, aux maîtres de la terre, Emprunté, pour régner, leur puissance adultère ; Et dans la cause enfin du Dieu saint et jaloux, Mêlé la voix divine avec la voix humaine, Jusqu'à ce que Juda confondît dans sa haine La tyrannie et nous.
Voilà de tous nos maux la fatale origine ; C'est de là qu'ont coulé la honte et la ruine, La haine, le scandale et les dissensions ; C'est de là que l'enfer a vomi l'hérésie, Et que du corps divin tant de membres sans vie Jonchent les nations.
" Mais du Dieu trois fois saint notre injure est l'injure ; Faut-il l'abandonner au mépris du parjure ? Aux langues du sceptique ou du blasphémateur ? Faut-il, lâches enfants d'un père qu'on offense, Tout souffrir sans réponse et tout voir sans vengeance ? " Et que fait le Seigneur ?
Sa terre les nourrit, son soleil les éclaire, Sa grâce les attend, sa bonté les tolère, ils ont part à ses dons qu'il nous daigne épancher, Pour eux le ciel répand sa rosée et son ombre, Et de leurs jours mortels il leur compte le nombre Sans en rien retrancher.
Il prête sa parole à la voix qui le nie ; Il compatit d'en haut à l'erreur qui le prie ; À défaut de clartés, il nous compte un désir. La voix qui crie Alla ! la voix qui dit mon Père, Lui portent l'encens pur et l'encens adultère : À lui seul de choisir.
Ah! pour la vérité n'affectons pas de craindre ; Le souffle d'un enfant, là-haut, peut-il éteindre L'astre dont l'Eternel a mesuré les pas ? Elle était avant nous, elle survit aux âges, Elle n'est point à l'homme, et ses propres nuages Ne l'obscurciront pas.
Elle est! elle est à Dieu qui la dispense au monde, Qui prodigue la grâce où la misère abonde ; Rendons grâce à lui seul du rayon qui nous luit ! Sans nous épouvanter de nos heures funèbres, Sans nous enfler d'orgueil et sans crier ténèbres Aux enfants de la nuit.
Esprits dégénérés, ces jours sont une épreuve, Non pour la vérité, toujours vivante et neuve, Mais pour nous que la peine invite au repentir ; Témoignons pour le Christ, mais surtout par nos vies ; Notre moindre vertu confondra plus d'impies Que le sang d'un martyr.
Chrétiens, souvenons-nous que le chrétien suprême N'a légué qu'un seul mot pour prix d'un long blasphème À cette arche vivante où dorment ses leçons ; Et que l'homme, outrageant ce que notre âme adore, Dans notre coeur brisé ne doit trouver encore Que ce seul mot : Aimons !
Alphonse de LAMARTINE
Matriarche3
Messages : 8740 Date d'inscription : 29/10/2010 Age : 90 Localisation : Belgique, province de Namur, Mariembourg
Sujet: Re: Les poèmes à partager Dim 23 Jan 2011, 18:30
Ce n'est peut-être pas l'endroit où placer mon texte mais n'est-ce pas l'apologie DE LA FEMME?
BRAVO ET CHAPEAU BAS MADAME. J'ai fait un rêve : - D'un Maghreb où s'érigeraient des églises catholiques, des temples luthériens, des synagogues. - D'un Afghanistan où de jeunes catholiques pourraient préparer un pèlerinage à Lourdes ou à Jérusalem. - D'un Iran ou d'un Irak où des Loubavitchs pourraient se promener en papillotes. - D'un Pakistan où seraient organisées les prochaines JMJ. - D'un Islam sans charria, sans burqa, où mes soeurs musulmanes ne seraient ni lapidées parce qu'elles sourient sans leur voile, ni traitées en pestiférées sociales. - D'un monde sans Al Qaïda, où les traders salueraient encore les femmes de ménage mexicaines avant de prendre l'ascenseur, où l'on pourrait encore prendre une bouteille d'eau dans un avion. Je mélange tout ? Je mélange tout, sans doute, en ces temps où l'identité nationale a des relents de gruyère et de lingots, en ces jours Zurich vaut bien un appel du Muezzin... Mais quelque part, sans me compromettre ni vouloir risquer une lapidation, je comprends... - Je comprends qu'il convient parfois d'oser le courage, et de cesser les oecuménismes à sens unique... - Je comprends la "Heidi touch", la réaction suisse, même si, populiste et rétrograde, elle nous renvoie à nos Croisades et à notre peur du Sarrasin. Car je suis fatiguée. Fatiguée de baisser les yeux quand je marche, légèrement terrorisée, dans un "quartier arabe", oh, pas à Jérusalem, non, juste chez moi, dans ma ville rose. Car j'en ai soupé de manger Hallal à la cantine de mon collège. Car j'en ai assez de croiser des étudiantes en burqa au cours d'arabe jouxtant mon cours d'allemand, dans une université soit disant soumise à la loi sur la laïcité. Car je suis une fille de Charlemagne et de Roland, de Saint-Louis et du chêne, car je suis La Pucelle et pas Fatima, car mes ancêtres, oui, sont Gaulois, celtes, vikings, mais aussi juifs, espagnols, italiens, portugais, grecs ou maltais. Ma vie n'est certes plus rythmée par l'angélus de l'aube et l'angélus du soir, mais en moi coule le sang des bâtisseurs de cathédrales. Et la colline de Vézelay, oui, m'est plus familière que la Pierre Noire de La Mecque. Alors, quand les petits Suisses disent tout haut ce que plein de monde pense tout bas, et au risque de froisser mes nombreux amis musulmans, mes amis poètes, artistes, enseignants, mon épicier, mes anciens voisins, j'ose l'écrire : restaurons nos églises, admirons nos vitraux, chantons quelques beaux cantiques, expliquons à nos écoliers ce qu'est Noël, au lieu de nous demander s'il est de bon ton de construire une mosquée dans chaque village ! J'aime écouter du Raï, je suis la reine du couscous, je ne vote pas Le Pen. Mais : Le jour où mes amies musulmanes ne seront plus lapidées au moindre pantalon dépassant d'une burqa, le jour où je pourrai bronzer en monokini sur les plages d'Agadir, le jour où une église se construira à Kaboul, alors là oui, j'oserai critiquer cette décision suisse de ne plus construire de minarets. Sabine Aussenac. Professeur d'allemand
douce teigneuse Admin
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Sujet: Gérard de Nerval Mer 26 Jan 2011, 16:22
Une femme est l'amour
Une femme est l'amour, la gloire et l'espérance ; Aux enfants qu'elle guide, à l'homme consolé, Elle élève le coeur et calme la souffrance, Comme un esprit des cieux sur la terre exilé.
Courbé par le travail ou par la destinée, L'homme à sa voix s'élève et son front s'éclaircit ; Toujours impatient dans sa course bornée, Un sourire le dompte et son coeur s'adoucit.
Dans ce siècle de fer la gloire est incertaine : Bien longtemps à l'attendre il faut se résigner. Mais qui n'aimerait pas, dans sa grâce sereine, La beauté qui la donne ou qui la fait gagner ?