Journée mondiale d'Alzheimer, maladie qui reste un défi ardu pour la recherche
Par AFP, publié le 21/09/2012 à 07:40, mis à jour à 07:40
Plus de cent ans après sa première description, la maladie d'Alzheimer, qui dévaste les fonctions intellectuelles de plus en plus de gens dans le monde, reste un des défis les plus ardus à relever pour la recherche médicale.
La science fait de petits progrès contre cette maladie incurable, dont le nombre de victimes augmente avec le vieillissement des populations.
"Un humain sur trois après 90 ans au maximum sera touché", a résumé le Pr Philippe Amouyel, spécialiste français, à la veille de la Journée mondiale d'Alzheimer, vendredi 21 septembre.
En 2010, quelque 35,6 millions de personnes étaient atteintes de démence, incluant les patients atteints d'Alzheimer, selon l'Alzheimer's Disease International (ADI). Ce nombre pourrait atteindre 65,7 millions en 2030 et 115,4 millions en 2050.
Mais revers et embûches jalonnent cette recherche qui demeure pourtant très active.
Dans cette bataille, les "plaques" séniles ou dépôts de peptides bêta-amyloïdes, caractéristiques de la maladie, représentent la principale cible des stratégies thérapeutiques en cours.
Ces stratégies viennent de se heurter à l'échec d'essais thérapeutiques en phase finale ("phase 3") au point de soulever des interrogations, parmi certains investisseurs et scientifiques, sur la pertinence de continuer à miser sur cette voie.
Au chapitre de ces revers remarqués, l'abandon - faute d'avoir obtenu les améliorations espérées chez les patients - par les laboratoires pharmaceutiques américains Pfizer et Johnson & Johnson d'essais en phase finale d'une nouvelle molécule censée combattre la maladie, le "bapineuzumab" - un anticorps ciblant la protéine bêta-amyloïde - testés chez des patients atteints d'une forme légère ou modérée de la maladie.
Une molécule similaire (solanezumab) des laboratoires Eli Lilly n'a pas non plus réussi à convaincre, pour l'instant. Toutefois, la firme n'a pas jeté l'éponge et prévoit de détailler ses résultats en octobre, en suggérant que son produit pourrait agir sur les formes moins évoluées de la maladie.
Pour autant, faut-il jeter aux orties cette stratégie bêta-amyloïde contre laquelle d'autres molécules, des anticorps (immunisation passive), des "vaccins" (immunisation active), sont à l'étude'
"On intervient peut-être à un stade trop avancé de la maladie" pour obtenir des effets cliniques, avance Luc Buée (Inserm France).
Quand les premiers signes se manifestent, la maladie évolue déjà depuis 15 voire 20 ans, soulignent en effet les spécialistes.
L'absence de méthodes de diagnostic fiables à 100% freine le développement des essais. Pour autant, il paraît difficile d'envisager de traiter quelqu'un qui ne se plaint de rien.
Sinon que beaucoup de programmes américains s'adressent à des formes familiales - à fort risque - précoces de la maladie pour tester des traitements, relève M. Buée.
Cependant, tout n'est pas négatif pour Reisa Sperling (Boston, Etats-Unis), qui a dirigé l'un des essais avec le bapineuzumab chez des sujets prédisposés à la maladie: les patients traités avaient une amélioration des images cérébrales au PET scan (tomographie par émission de positrons) avec moins de dépôts amyloïdes et une baisse du niveau de la protéine tau-phospho, marque des lésions neuronales, dans le liquide prélevé par ponction lombaire.
La dégénérescence neurofibrillaire, autre trait de la maladie, avec pour cible la protéine tau anormale ("phosphorilée") qui s'accumule dans les neurones et propage leur destruction, fait partie des pistes explorées.
D'autres équipes se penchent sur les phénomènes d'inflammation ou s'intéressent à des facteurs de croissance neuroprotecteurs.
Le champ est vaste tant la maladie conserve bien des mystères.
Enfin, une étude française a confirmé que les extraits de gingko biloba n'était d'aucune utilité contre la maladie