L'identité démasquée de Jack l'Éventreur
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Par Florentin Collomp
Mis à jour le 07/09/2014 à 20:14
Publié le 07/09/2014 à 19:37
Un détective amateur anglais affirme avoir percé le mystère du tueur sanglant de l'East End londonien, qui serait un coiffeur polonais.
De notre correspondant à Londres
Quand ils s'aventurent le soir dans le quartier de Whitechapel, dans l'est de la capitale, les Londoniens frissonnent encore au souvenir des crimes sanglants de Jack l'Éventreur, il y a plus d'un siècle. Des visites guidées nocturnes y sont même organisées. Après des supputations sans fin sur l'identité du fameux assassin, le mystère serait enfin tombé. «Jack the Ripper», le tueur en série responsable d'au moins cinq meurtres barbares de prostituées à l'automne 1888, serait un coiffeur juif polonais du nom d'Aaron Kosminski.
La découverte innocente une centaine de suspects imaginés au fil des ans, parmi lesquels un petit-fils de la reine Victoria, ou l'ancien premier ministre William Gladstone. Dans un livre à paraître mardi au Royaume-Uni, Naming Jack the Ripper, l'homme d'affaires et détective amateur Russell Edwards, 48 ans, révèle comment il est parvenu à cette conclusion au terme de plusieurs années d'une enquête haletante, aidée par la recherche scientifique.
Tout commence en mars 2007. Lors d'une vente aux enchères dans un village du Suffolk, Edwards, passionné depuis longtemps par le mystère, achète un châle décoré d'un motif d'asters, en très mauvais état, déchiré et taché. Le tissu maculé de sang avait été trouvé aux côtés du corps de Catherine Eddowes, quatrième victime de Jack l'Éventreur. Un policier l'avait alors emporté pour l'offrir à sa femme qui, sans surprise, n'avait pas voulu du cadeau. Il serait ensuite resté rangé chez plusieurs générations de descendants du limier de Scotland Yard, jusqu'à ce que l'un d'entre eux se décide à le vendre. Russell Edwards fait alors appel à Jari Louhelainen, spécialiste de la biologie moléculaire à l'université John Moores de Liverpool pour étudier l'objet. À l'aide d'une caméra infrarouge et de lumière ultraviolette, il met en évidence des taches de sang, des traces du rein de la victime charcutée par son bourreau et - eurêka - de sperme. Pour vérifier leurs découvertes, les deux chercheurs réussissent à trouver une descendante directe de Catherine Eddowes, dont l'ADN correspond parfaitement à celui prélevé sur la pièce à conviction.
Ce châle caractéristique d'un style d'Europe de l'Est pousse Edwards à s'intéresser à l'un des suspects des meurtres de 1888, cité mais jamais inculpé faute de preuve, le Polonais Aaron Kosminski. Immigré en Angleterre avec sa famille pour fuir les pogroms russes, ce coiffeur de 23 ans vivait à 200 mètres du lieu d'un des meurtres de l'Éventreur. Interrogé par la police, il avait été relâché. Deux ans plus tard, il est interné dans un asile pour schizophrénie après qu'il aurait attaqué sa sœur avec un couteau. Il y restera jusqu'à sa mort en 1919. Edwards et Louhelainen assurent avoir mis la main sur une descendante de la sœur de Kosminski, qui a accepté de fournir des extraits d'ADN. Et, miracle, ceux-ci correspondent aux prélèvements effectués sur le châle.
Russell Edwards estime «catégoriquement» avoir mis fin à 126 ans de suspense après y avoir consacré quatorze ans d'investigations. Il faudra sans doute toutefois une validation d'autres scientifiques et celle de la police avant d'en avoir le cœur tout à fait net