Le 28 août 1963, le héros du combat pour les droits civiques prononçait son célèbre discours « Je fais un rêve »
Plusieurs dizaines de milliers de personnes se sont réunies samedi 24 août devant le Lincoln Memorial, où Martin Luther King avait prononcé son célèbre discours le 28 août 1963. Ces commémorations s’achèveront mercredi par un discours de Barack Obama
DES COMMÉMORATIONS NOMBREUSES
Il y a cinquante ans, près de 250 000 personnes s’étaient réunies devant le Lincoln Memorial de Washington après une longue marche pour demander l’égalité des droits et écouter Martin Luther King. Une date importante de l’histoire des États-Unis, que le pays commémore cette année pendant plusieurs jours. Samedi 24 août, plusieurs dizaines de milliers de personnes se sont massées tout autour de la « Reflecting Pool », l’étroit et long bassin faisant face au mémorial de l’ancien président. Le passage consacré au « rêve » de Martin Luther King est gravé sur les marches du monument, à l’endroit précis où il avait parlé, cent ans après l’abolition de l’esclavage prononcée par Abraham Lincoln.
« Cette marche est à présent notre marche et elle doit continuer, a lancé samedi le ministre de la justice Eric Holder, également afro-américain. Aujourd’hui nous regardons le travail qui reste inachevé ». « Quand les gens de couleur réussissent, l’Amérique réussit », a de son côté déclaré la chef des démocrates à la Chambre des représentants, Nancy Pelosi. « J’ai été arrêté 40 fois dans les années 1960, a témoigné le représentant John Lewis. Battu, en sang et inconscient, mais je ne suis pas fatigué, je ne suis pas las, je ne suis pas prêt à renoncer et abandonner. Je suis prêt à me battre et continuer à me battre et vous devez vous battre ».
L’AFFAIRE TRAYVON MARTIN DANS LES TETES
Si l’Amérique a parcouru beaucoup de chemin au cours de ce demi-siècle, au point d’élire Barack Obama à sa tête, les discriminations sont encore une réalité. « Le rêve est loin d’être réalisé, et les pleurs de la mère et du père de Trayvon Martin nous rappellent que bien trop souvent la couleur de la peau reste un permis pour le délit de faciès, pour arrêter et même pour assassiner », a rappelé le fils de « MLK », Martin Luther King III, en référence à l’adolescent noir tué en 2012 en Floride par un vigile, George Zimmerman.
L’acquittement en juillet de cet Américain hispanique avait provoqué des manifestations de colère à travers les États-Unis. S’exprimant à la tribune en arborant un tee-shirt à l’effigie de Barack Obama, la mère de Trayvon, Sybrina Fulton, a souligné : « Trayvon Martin était mon fils, mais il n’est pas simplement mon fils, il est notre fils à tous, et nous devons nous battre pour nos enfants ».
INTERVENTION TRES ATTENDUE DE BARACK OBAMA
Le point d’orgue de ces commémorations sera l’intervention mercredi 28 août de Barack Obama. Depuis le début de sa marche vers la Maison-Blanche, le président américain s’est montré très prudent sur le sujet. Ce n’est qu’après une controverse provoquée par des déclarations enflammées de son pasteur qu’il avait abordé la question pendant la campagne pour l’investiture démocrate, à l’occasion d’un grand discours très applaudi sur la question, le 18 mars 2008 à Philadelphie.
Depuis, il s’est tenu à l’écrat de ce sujet sensible. Jusqu’à la mort de Trayvon Martin, adoptant alors un ton plus personnel. « Il y a 35 ans, j’aurais pu être Trayvon Martin », avait-il affirmé face à la presse. Ému, Barack Obama avait parlé d’une « histoire qui ne disparaît pas » pour les Noirs et révélé s’être senti jadis stigmatisé à cause de la couleur de sa peau. Toutefois, avait-il ajouté, « je ne veux pas que nous perdions de vue le fait que les choses s’améliorent. Chaque génération successive semble faire des progrès en matière de comportement ». Ce message optimiste sera sans doute également au coeur de son discours mercredi, même si les militants espèrent un ton plus déterminé.
GILLES BIASSETTE