L’origine du bleuet comme fleur de mémoire des soldats et victimes tués trouve son origine directement dans la guerre de 1914-1918.
En effet avec le coquelicot, ces deux fleurs persistaient à pousser dans la terre ravagée des tranchées de la Grande Guerre.
Pour les poilus, ces fleurs étaient le seul témoignage de la vie qui continue au milieu des bombardements et des gaz de combat et elles étaient la seule note de couleur dans la boue uniforme des tranchées
Les poilus français ont choisi le bleuet comme symbole de leur guerre.
Spontanément, les soldats vétérans de la mobilisation en uniforme bleu et rouge ont nommé « bleuets » les jeunes recrues qui arrivaient au front courant 1915, vêtues du nouvel uniforme bleu horizon de l’armée française
"Les voici les p’tits « Bleuets »,
Les Bleuets couleur des cieux
Ils vont jolis, gais et coquets,
Car ils n’ont pas froid aux yeux.
En avant partez joyeux ;
Partez, amis, Au revoir !
Salut à vous, les petits « bleus »,
Petits « bleuets », vous notre espoir ! »
ALPHONSE BOURGOIN
« BLEUETS DE FRANCE », CHANSONS ET POÈMES DE GUERRE, 1916
Cette appellation perdura pendant toute la guerre quand bien même dès 1915 toute l’armée française fut équipée du nouvel uniforme.
En effet, la qualité de la teinture ne résistait pas aux conditions de vie et de combat des tranchées et l’uniforme avait tendance à prendre la couleur de la boue environnante.
Tout homme de renfort avec son uniforme flambant neuf contrastait avec les tenues pitoyables des anciens, de plus l’analogie était évidente entre le bleuet et « le bleu » (nouveau conscrit). La popularité du bleuet fut telle pendant le conflit qu’il servit à des fins de propagande : affiches, chants, poèmes.
Comme le coquelicot britannique, c’est après guerre que le bleuet fut utilisé comme fleur du souvenir en faveur des mutilés de la guerre.
Deux femmes sont à l’origine du bleuet de France ; Charlotte Maleterre et Suzanne Lenhardt (infirmière et veuve de guerre).
Toutes les deux travaillaient à l’Hôtel des Invalides de Paris et face à l’afflux des invalides dans toutes les structures hospitalières de Paris, elles prennent l’initiative de créer un atelier de confection de fleurs en tissu réalisées par les invalides eux-mêmes.
La vente de cette production permet aux mutilés de disposer d’un revenu de substitution.
En 1934, le gouvernement français légalise la vente publique des bleuets sous le patronage de l’office national des anciens combattants et mutilés de guerre.
Le 11 novembre 1939, en raison des circonstances de la guerre, le Bleuet de France et le Poppy britannique sont vendus en bouquets jumelés, symbole de l’alliance des deux nations.
Depuis 1957, la petite fleur est proposée sous la forme d’un autocollant mis en vente dans toutes les communes de France les 8 mai et 11 novembre.
Les fonds récoltés sont destinés aux œuvres sociales en faveur des anciens combattants, veuves et orphelins de guerre et depuis peu hélas, aux victimes des attentats : aide au logement, appareillages, maisons de retraite …
A noter qu’une partie des fonds est destinée aux projets pédagogiques des écoles portant sur un travail de mémoire.
Le coquelicot est une fleur de la famille des papavéracées, aux feuilles alternes très découpées, qui frissonne, solitaire, au bout d'une longue tige flexible.
D'un beau rouge vif, elle comporte 4 pétales qui prennent, avant de s'épanouir, un aspect chiffonné. Le fruit du coquelicot est une capsule.
Le coquelicot est une »mauvaise herbe » des champs de céréales : on le détruit en alternant les cultures.
Dans les jardins, il donne naissance à une grande variété de fleurs très décoratives.
Rouge comme un coquelicot : rougir intensément sous le coup d'une forte émotion.
Le coquelicot est un pavot des champs, sans aucun pouvoir toxique.
Son nom, onomatopée du chant du coq, s'explique par le fait que la fleur rouge du coquelicot rappelle la crête de cet animal.
Au VIe siècle av. J.-C., le roi de Rome, Tarquin le Superbe, assiégeait la ville de Gabies.
Son fils Sextus fit semblant de se brouiller avec lui et, s'étant réfugié dans la ville assiégée, il en devint bientôt le chef.
Il envoya un messager à son père, pour demander à ce dernier ce qu'il devait faire.
Tarquin ne répondit rien, se contentant de couper, à coups de bâton, des têtes de pavots... ce qui engagea Sextus à faire décapiter les principaux citoyens de Gabies. Telle est l'histoire des Pavots de Tarquin qui étaient, en fait, de simples et modestes coquelicots
Pourquoi le coquelicot a-t-il été choisi comme symbole du Souvenir de nos morts?
Le coquelicot est un symbole international à la mémoire de ceux qui sont morts à la guerre. Son origine est aussi internationale.
Un écrivain fut le premier à établir un rapport entre le coquelicot et les champs de batailles durant les guerres napoléoniennes au début du 19e siècle.
Il remarqua que les champs qui étaient nus avant le combat se couvraient de fleurs rouge-sang après la bataille.
Avant la Première Guerre mondiale peu de coquelicots poussaient en Flandres.
Durant les terribles bombardements de cette guerre les terrains crayeux devinrent riches en poussière de chaux favorisant ainsi la venue des coquelicots.
La guerre terminée, la chaux fut rapidement absorbée et les coquelicots disparurent à nouveau.
En 1915, le lieutenant colonel John Mc Crae, un médecin militaire canadien, écrit un célèbre poème intitulé « In Flanders Fields » (« Dans les champs des Flandres ») à la suite de la mort de son ami tué par un obus allemand à Ypres, enterré dans une tombe de fortune marquée d'une simple croix de bois, où les coquelicots sauvages poussent entre les rangées.
Depuis, pour les britanniques, le « Poppy » (coquelicot) symbolise le Sacrifice et le Souvenir de la Première Guerre mondiale et l'Armistice du 11 Novembre est appelé le « Poppy Day » (jour du Coquelicot).
Trois ans plus tard une américaine, Moina Michael, qui travaillait dans une cantine de la "YMCA" à New York, se mit à porter un coquelicot en mémoire des millions de soldats qui avaient donné leur vie sur les champs de bataille.
En 1920 cette coutume vint à la connaissance d'une française, Madame Guérin, en visite aux Etats-Unis.
À son retour en France, elle décida de se servir de coquelicots faits à la main pour recueillir des fonds pour les enfants sans ressources des régions dévastées du pays.
En novembre 1921 les premiers coquelicots ont été distribués au Canada.
Les références au coquelicot aux première et dernière strophes du poème de la guerre le plus lu et le plus souvent cité ont contribué à donner à la fleur le statut d'emblème du souvenir et de symbole d'une croissance nouvelle parmi la dévastation laissée par la guerre.
Le coquelicot devint rapidement le symbole des soldats morts au combat.
On reconnaît le coquelicot comme le symbole du souvenir à la mémoire des soldats du Canada, des pays du Commonwealth britannique et des États-Unis qui sont morts à la guerre.
Les cimetières flamands
Sous les rouges coquelicots des cimetières flamands,
Qui parmi les rangées de croix bougent dans le vent,
Nous sommes enterrés. Et dans le bleu des cieux,
Les alouettes encore lancent leur cri courageux
Que plus personne n'entend sous le bruit des canons.
Nous sommes morts : il y a à peine quelques jours,
Nous connaissions les joies de la vie, de l'amour,
La fraicheur de l'aurore, les lueurs du ponant.
Maintenant nos corps sans vie reposent en sol flamand.
Nos mains inanimées vous tendent le flambeau :
C'est à vous, à présent, de le tenir bien haut,
De contre l'ennemi reprendre la querelle.
Si vous ne partagez des morts la foi rebelle,
Nos corps ne pourront pas dormir paisiblement
Sous les rouges coquelicots des cimetières flamands.
J.P. van Noppen
Une traduction du poème "In Flanders Fields"
de Lt.-Col. John McCrae