La ChandeleurLe 2 février, c'est la Chandeleur. Les supermarchés alignent les paquets de farine et affichent des posters géants de crêpes moelleuses… C'est entendu, le 2 février, on fait la fête avec des crêpes. Mais encore ?
Pourquoi le mot Chandeleur ?
Quarante jours après Noël
En fait, on célèbre ce jour-là, quarante jours après Noël, la présentation de Jésus au Temple, il y a un peu plus de 2 000 ans.
La tradition juive voulait en effet qu’on montre aux prêtres les nouveau-nés quarante jours après leur naissance.
Une date qui marquait en même temps les relevailles de la mère, c’est-à-dire la reprise de son activité sociale après l’accouchement.
Pourquoi le mot Chandeleur ?
Le mot Chandeleur évoque les chandelles qu’on allumait symboliquement au Moyen Age ce jour-là. Pourquoi des chandelles ? Parce que, lorsque Joseph et Marie arrivent au Temple, un vieillard nommé Siméon les arrête et demande à prendre Jésus dans ses bras.
Il s’exclame : "Mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé à la face de tous les peuples : lumière pour éclairer les nations païennes, et gloire d'Israël ton peuple".
Et c’est parce que Jésus est reconnu comme Lumière du monde par Siméon que cette fête de la présentation prend ensuite l’appellation populaire de fête de la
Chandeleur. Il y a quelques décennies encore, on préparait dans les églises des brassées de cierges que le prêtre bénissait et qu’il distribuait aux paroissiens pour organiser le 2 février des processions de lumières
.(Cela se fait encore chez nous ) Après ces processions, les familles revenaient à la maison porteuses de lumière. Et la soirée se poursuivait autour d’un grand plat de crêpes.
Pourquoi des crêpes ? Tout simplement parce que cette gourmandise rappelle par sa forme ronde le disque solaire, donc la lumière !
Elle évoque aussi les offrandes traditionnelles qui se pratiquaient à l’époque de Jésus au moment de la présentation au Temple.
En général, on les mange en famille, mais le partage est plus communautaire au Québec: les jeunes gens "courent la Chandeleur", c’est-à-dire qu’ils vont de maison en maison quémander des œufs, du beurre, du sucre, de la farine et qu’ils réalisent ensuite des monceaux de crêpes que tout le village ou tout le quartier peut venir déguster.
Les petits rites porte-bonheur Qui n’a pas essayé de faire sauter la première crêpe avec une pièce dans la main pour s’assurer d’une bonne fortune pour toute l’année à venir ?
Qui ne s’est pas désolé de faire tomber sa crêpe au sol en considérant que cela lui porterait malchance ?
Dans certaines régions de France, mais aussi aux Etats-Unis (si vous êtes un lecteur assidu des BD de Garfield, vous verrez que le chat aussi le fait), on sacrifiait même la première crêpe en la lançant tout en haut de l’armoire : c’était du bonheur garanti, comme l’assure une ancienne chanson occitane :
"Il ne faut ni voisin ni voisine,
Ni aucun chat dans la cuisine,
Il faut fermer les trous au loup-garou,
La porte et même la lucarne.
Et, pour avoir de l’argent toute l’année,
Du bon vin et du bon pain blanc,
Vous mettrez une piécette dans la pâte dorée
Que vous lancerez sur l’armoire à linge,
Et le fusil, d’un fort claquement,
Dans le trou de la cheminée,
Effrayera la sorcière."
Et les Lorrains ajoutent :
"La veille de la Chandeleur,
L’hiver se passe ou reprend rigueur.
Si tu sais bien tenir la poêle,
A toi l’argent en quantité,
Mais gare à la mauvaise étoile
Si tu mets la crêpe à côté".
Personne ne connaît l’origine de cette très ancienne tradition de la crêpe porte-bonheur.
Mais si vous voulez la tester, rappelez-vous : c’est la main droite qui doit tenir la poêle, la main gauche la pièce… et hop !
La crêpe doit sauter, se retourner et retomber bien à plat dans la poêle.
Bonne chance et bon appétit !