Les adieux à la scène d'Eddy Mitchell, "il faut rentrer maintenant"
"Et le rideau sur l'écran est tombé", comme s'achève la "Dernière séance" d'Eddy Mitchell: sur la scène de l'Olympia le rocker réapparaît en peignoir bleu, "il faut rentrer maintenant", lance-t-il après le dernier rappel de l'ultime concert de sa tournée d'adieux.
Ce dernier récital avait commencé sur un message diffusé par haut-parleur dans la mythique salle parisienne, à quelque centaines du mètres du Golf Drouot, temple du rock des années 60 où Claude Moine, alias Eddy, avait débuté avec Les Chaussettes Noires.
"Une longue vie à mon frère Edddy, je l'embrasse et je l'aime, c'est Johnny Hallyday qui vous parle". Eddy entre en scène, l'Olympia se lève une première fois. Quelques pas de danse et une gestuelle d'"air guitar", il attaque: "C'est un rocker", appuyant "dans rocker, il y aussi le mot coeur".
A près de 70 ans, l'énergie est intacte, le déhanchement est un swing langoureux jusqu'à des twists impeccables. "Content de vous revoir !" lance-t-il devant un public conquis, béat mais ému, voire très ému, parmi lequel le prince Albert II de Monaco.
Suivront des chansons de toutes époques. De son amour pour les USA, "Sur la Route de Memphis", "Toujours un coin qui me rappelle". Et nos origines ? "Ou sont nos racines, Nashville ou Belleville", son village parisien ou le P'tit Claude allait au cinéma après l'école pour "La dernière séance", une des innombrables chansons écrites avec son complice depuis 1964, pianiste à ses débuts, Pierre Papadiamandis.
"Pierre était pudique, il a attendu deux ans avant me dire qu'il composait", se rappelle Eddy, alias Schmoll, et de chanter leur première composition, "J'ai oublié de l'oublier".
"Mais je n'oublie pas les jeunes musiciens, je les ai toujours aidé, la preuve", lance un Eddy plus cabotin que jamais. Et de citer "Alain Sushi et Laurent Voulzon", de sa génération et co-auteurs de "L'esprit grande prairie", un des titres phares de son dernier album "Come Back", sorti en même temps que le début de sa dernière tournée.
Deux "medley" pour rappeler des époques préférées des plus nostalgiques: d'abord "Daniela", "Be-Bop-A-Lula"... puis "Je vais craquer bientôt", "A crédit et en stéréo" et son impressionnant solo de saxo.
Entre les deux, l'Olympia ondule et se lève à nouveau, pour rester cette fois debout jusqu'au bout en chantant à l'unisson, "Couleur menthe à l'eau" et un riff impressionnant du guitariste virtuose de toujours, Basile Leroux. Cette "impro" semble-t-il en effet vraiment imprévue, tant Eddy se montre surpris lui-même.
"Le plus difficile, ce sont les chansons faciles", ironise alors Schmoll avant d'interpréter coup-sur-coup "Le Cimetière des éléphant" et Lèche-bottes blues". Eddy tombe la veste pour attaquer le prêcheur d'un "Pas de boogie-woogie" ravageur. La messe est dite. Toute son équipe est appelée sur scène aux cotés des musiciens.
Cachant son émotion, Eddy les remercie tous, certains "fidèles depuis 36 ans", mais il connaît tout le monde par son nom. "Merci pour le tout le bonheur que vous m'avez donné". Le rocker est parti, le public entonne "
Ce n'est qu'un au revoir, Eddy".