Les 15-25 ans comptent sur eux-mêmes
Ils estiment que le monde va mal mais qu’ils vont pouvoir s’en sortir. Ils se méfient des institutions, mais ont confiance en eux et en leurs proches... .
« Aujourd’hui, dans une société en crise, où la révolution numérique vient chambouler la perception des rapports au monde, la confiance est en effet un élément précieux, qu’il faut protéger et valoriser, en comprenant mieux ses mécanismes, explique Serge Delille, en charge des études à la direction de la communication du groupe La Poste. Notamment celle des jeunes, qui sont à un âge où cette confiance se construit à travers leurs premières expériences.»
Méfiants à l’égard des institutions françaises
Ils ne comptent guère sur les institutions pour améliorer la situation, notamment sur «l’état français». Pas plus qu’ils ne font confiance aux banques ni aux médias. Leur confiance envers les institutions européennes s’érode aussi : ils ne sont plus que 39 % à s’y fier, alors qu’ils étaient plus de la moitié il y a deux ans.
La confiance envers les services publics, jusque-là correcte, baisse aussi (57 % de méfiants). Et ils se méfient toujours beaucoup des hommes et femmes politiques : seuls 12 % des jeunes disent leur faire confiance. Seules les organisations humanitaires (68 %) et internationales (50 %) sont à leurs yeux encore fiables.
Un sentiment d’urgence
Le sentiment d’urgence qui s’était amplifié lors de l’explosion de la crise financière est toujours très présent. Pour 80 % d’entre eux, « tout se joue maintenant, je ne dois pas perdre mon temps ». Beaucoup affirment aussi qu’on leur « met la pression » en permanence, y compris leurs parents.
Confiants en eux-mêmes et en leur proches
S’ils ne misent pas sur les institutions – en particulier sur les politiques – pour assurer leur avenir ou améliorer la situation du monde, les 15-25 ans gardent en revanche une étonnante confiance en eux. Les trois quarts pensent qu’ils vont pouvoir s’en sortir. Et 69 % disent qu’ils comptent dans la vie avant tout sur eux.
Ils continuent aussi beaucoup à s’appuyer sur leurs proches, en particulier leur famille (93 %) et leurs amis (72 %). Cette volonté des jeunes de mobiliser toutes les ressources personnelles dont ils disposent pour construire le monde de demain constitue pour Serge Delille « une très belle leçon d’optimisme, loin des clichés sur une jeunesse en déshérence et mal dans sa peau ».
Dans une société où ils se sentent bien souvent exclus, et où l’on ne parle d’eux qu’en termes de problèmes – les trois quarts des 15-25 ans le disent –, elle devrait aussi inciter leurs aînés à leur faire davantage confiance.
Christine LEGRAND