Les « bébés-médicaments » seront-ils nombreux ?
Pour la première fois est né en France un « bébé-médicament ». Des cellules prélevées sur le cordon ombilical de cet enfant seront utilisées pour soigner son frère, atteint d’une grave maladie génétique, la bêta-thalassémie. La naissance a eu lieu le 26 janvier à l’hôpital Béclère de Clamart, dans le service du professeur René Frydman. Le petit garçon, Umut-Talha, est né par fécondation in vitro après un double diagnostic préimplantatoire (DPI). « Cet enfant est un instrument pour essayer de guérir un autre enfant », a déploré hier sur LCI le cardinal André Vingt-Trois, président de la Conférence des évêques de France. Depuis 2007, sur 20 demandes d’autorisation de « bébé-médicament » soumises à l’Agence de la biomédecine, 17 ont été validées et trois annulées
Stéphane Viville, chef de service au centre d’assistance médicale à la procréation (AMP) du CHU de Strasbourg
« De nombreux débats éthiques ont eu lieu avant que cette technique ne soit autorisée en France, fin 2006. Un certain nombre d’observateurs dénonçaient la “chosification” ou “l’instrumentalisation” d’un enfant qui ne serait conçu que pour être le “sauveur” de la fratrie.
Cet aspect psychologique doit naturellement être pris en compte, mais il faut bien reconnaître qu’on manque de recul pour véritablement se prononcer. Le législateur a tenu compte de ces réserves. Ainsi, les équipes médicales doivent s’assurer que la motivation première des parents est la naissance d’un enfant en bonne santé, venu au monde pour lui-même, la question de la guérison du frère ou de la sœur n’étant qu’un objectif second.
3 chances de réussite sur 16
Aujourd’hui, trois centres en France sont autorisés à faire du diagnostic préimplantatoire (DPI), mais seul celui de Clamart s’est lancé dans la double activité DPI-typage HLA (ndlr : pour permettre la naissance d’un bébé-médicament).
Pour notre part, nous n’avons pas souhaité le faire, parce que cela revient à engager les couples dans une procédure lourde et contraignante, avec des chances minimes d’arriver à la grossesse. Cette technique suppose en effet un double tri embryonnaire : il faut sélectionner un embryon indemne de la maladie mais aussi “histo-compatible”, pour que le sang de son cordon soit compatible sur le plan immunologique avec le frère ou la sœur malade.
Au final, les chances de réunir ces deux critères sont seulement de trois sur 16. Cela explique pourquoi le nombre d’enfants soignés grâce cette technique reste aujourd’hui très faible dans le monde. »
Recueilli par Pierre BIENVAULT
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