Décès de l'helléniste et académicienne Jacqueline de RomillyL'académicienne Jacqueline de Romilly, spécialiste de la civilisation et de la langue grecques, qui fut la première femme professeur au Collège de France, est décédée samedi à l'âge de 97 ans, a-t-on appris dimanche auprès de son éditeur Bernard de Fallois.
Jacqueline de Romilly, qui incarnait l'enseignement des études grecques classiques en France ainsi qu'une conception exigeante et humaniste de la culture, a écrit, en plus de 60 ans, de très nombreux ouvrages.
En 1988, elle était devenue la deuxième femme élue à l'Académie française, après Marguerite Yourcenar.Membre correspondant étranger de l'Académie d'Athènes, elle avait obtenu la nationalité grecque en 1995 et avait été nommée ambassadrice de l'hellénisme en 2000.
Elle adorait cette Athènes du Ve siècle av JC d'où "tout est sorti brusquement"
"La vie et l'oeuvre de Jacqueline de Romilly sont baignées d'une lumière puisée aux sources d'une très haute civilisation - la civilisation grecque -, une flamme qu'elle a transmise et entretenue toute sa vie durant, jusqu'à son dernier souffle", écrit l'Elysée dans un communiqué.
De son côté, le Premier ministre François Fillon a salué "une grande dame des lettres et de la culture qui eut une longue et brillante carrière".
"Son héritage restera celui d'une très grande intellectuelle française", écrit Matignon dans un communiqué.
Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture, a lui aussi a rendu hommage à l'académicienne estimant que "disparaît l'un des très grands esprits de notre temps".
"Maître en ces +humanités+ qu'elle enseignait depuis si longtemps, Jacqueline de Romilly était elle-même l'humaniste par excellence", a déclaré le ministre dans un communiqué. "Sa science du passé en faisait une femme éminemment actuelle", a-t-il poursuivi.
"Jacqueline de Romilly aura gardé jusqu'au terme de son existence presque centenaire, un même enthousiasme, une même passion, une même énergie inlassable pour défendre non seulement l'enseignement du grec et du latin mais aussi celui de notre langue", a souligné M. Mitterrand.
"C'est une perte pour notre pays", a réagi sur France Info Hélène Carrère d'Encausse, secrétaire perpétuel de l'Académie Française.
"C'est une femme qui a porté toute sa vie la langue et la culture grecques parce qu'elle considérait (...) que c'était une éducation (...) à la compréhension de la liberté de l'individu, de l'attachement à la démocratie", a-t-elle souligné.
"Elle a souffert énormément depuis quelques dizaines d'années de voir l'étude de cette langue décliner, et cela a été pour elle un immense chagrin", a-t-elle ajouté, jugeant que le meilleur hommage à lui rendre "serait d'attacher plus d'importance désormais à la langue grecque dont elle a été le plus grand défenseur dans notre pays".
"Elle faisait la conquête de beaucoup de gens parce qu'elle était extrêmement simple, mais en même temps elle était assez ferme dans sa manière d'être", a décrit Bernard de Fallois.
"Elle désarmait par son espèce d'autorité naturelle. Elle avait ce mélange de simplicité, de sérieux et de gaîté des grands professeurs", a-t-il ajouté.